L’annonce dans le rituel de l’appel à la prière

Sheikh Mohammad Ali Ferkous

La question : En France, le muezzin fait l’appel à la prière à l’intérieur de la mosquée et sans haut-parleur. Les gens de la mosquée l’entendent et il se peut que son appel n’arrive pas à ceux qui sont à l’extérieur. Cet appel est-il, donc, valable religieusement parlant, sachant qu’il ne remplit pas son objectif qui est d’informer les gens de l’extérieur ? Devons-nous nous considérer comme étant incapables de laisser apparaître les signes de notre religion si les autorités françaises nous interdisent d’élever l’appel à la prière à l’extérieur de la mosquée, de sorte qu’une des conditions pour pouvoir résider dans un pays mécréant ferait défaut ? Veuillez nous répondre, qu’Allah vous récompense.

La réponse : Louange à Allâh, Seigneur des Mondes ; et paix et salut sur celui qu’Allâh a envoyé en miséricorde pour le monde entier, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu’au Jour de la Rétribution. Cela dit :

L’appel à la prière est le fait d’adorer Allah en prononçant des paroles bien précises qui comportent l’évocation d’Allah, dans le but d’informer les gens du commencement du temps d’une prière obligatoire. Il est, donc, spécifique aux cinq prières obligatoires et compte parmi les devoirs religieux de suffisance (1), selon l’opinion la plus prépondérante. Il fait partie des signes extérieurs de l’Islam les plus grands et les plus connus et le Prophète en a fait un signe qui prouve l’appartenance à l’Islam. En effet, Anas a dit « Lorsque le Prophète nous menait pour assaillir des gens, il attendait et ne le faisait qu’à la pointe du jour. S’il entendait l’appel à la prière, il les laissait, mais s’il ne l’entendait pas, il déferlait sur eux » (2). C’est pourquoi il n’est, en aucun cas, permis de délaisser l’appel à la prière.

Parmi les conditions que le muezzin doit respecter est qu’il doit informer les gens du commencement du temps de la prière, afin que l’objectif de l’appel – qui est d’informer – soit réalisé, en élevant la voix ou en utilisant un haut-parleur. Aboû Sa’îd Al-Khôudrî رضي الله عنه rapporte que le Prophète صلّى الله عليه وسلّمa dit : « Tout djinn, tout être humain ou toute autre chose qui entend la voix du muezzin témoignera pour lui au Jour de la Résurrection. »(3) Aboû Hourayra رضي الله عنه rapporte que le Prophète صلّى الله عليه وسلّمa dit : « On pardonnera au muezzin aussi loin que sa voix s’étend. » (4)

Aussi, sache que l’appel à la prière au temps du Prophèteصلّى الله عليه وسلّم, d’Aboû Bakr et de ‘Omar رضي الله عنهما s’effectuait depuis la porte de la mosquée (5), c’est-à-dire sur le toit de la mosquée, au-dessus de la porte, qui est l’endroit élevé sur lequel monte le muezzin. Le hadith de ‘Â’icha رضي الله عنها décrit le fait de monter sur un endroit élevé en disant : “Bilâl appelait à la prière la nuit et le Prophète dit un jour : « Mangez et buvez jusqu’à ce qu’Ibn Oumm Maktoûm fait l’appel à la prière, car il n’appelle qu’une fois l’aube levée. » Al Qâşim dit : « il n’y avait entre leurs deux appels à la prière que le temps que celui-ci monte et que celui-là descende. » (6). Cela est appuyé par le hadith d’An-Nawwâr, la mère de Zayd Ibn Thâbit, qui a dit : « Ma maison était la maison la plus élevée autour de la mosquée. Au début, Bilâl faisait l’appel à la prière sur le toit de cette maison jusqu’à ce que le Prophète construise sa mosquée. Depuis cela, il appelait du toit de la mosquée.” (7)

Par conséquent, si le muezzin peut monter sur le toit de la mosquée pour faire l’appel, même par sa voix ordinaire, alors, son acte sera conforme à ce qui est légiféré et réalisera le fait d’informer les gens. Si cela n’est pas possible, à cause des règlementations [civiles] en vigueur, mais que le muezzin peut monter sur quelque chose de haut à l’intérieur de la mosquée, auprès de la porte ou de la fenêtre, pour informer par son appel du commencement du temps de la prière et se faire entendre par d’autres gens que les présents, il aura par cela extériorisé ce rite selon la possibilité.

Le savoir parfait appartient à Allâh سبحانه وتعالى, et notre dernière invocation est qu’Allâh, Seigneur des Mondes, soit Loué et que prière et salut soient sur notre Prophète, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu’au Jour de la Rétribution.

Alger, le 6 Safar 1432 H
correspondant au 31 décembre 2011 G

(1) Devoir religieux de suffisance (Fard Kifâya) est un devoir qui, une fois accompli par une partie des musulmans, les autres en sont dispensés.

(2) Rapporté par Al-Boukhârî (610) par l’intermédiaire de Anas Ibn Mâlik رضي الله عنه.

(3) Rapporté par Al-Boukhârî (609) par l’intermédiaire d’Aboû Sa‘îd Al-Khoudrî رضي الله عنه.

(4) Rapporté par Aboû Dâwoûd (515), par An-Naşâ’î (609) et par Ibn Mâdjah (724) par l’intermédiaire d’Aboû Hourayra رضي الله عنه. Al-Albânî l’a jugé authentique dans Sahîh Abî Dâwoûd (528) et dans Sahîh Al-Djâmi‘ As-Saghîr (1929).

(5) Voir : Al-Adjwiba An-Nâfi‘a ’An As’ilat Ladjnat Masdjid Al-Djâmi‘a d’Al-Albânî (18).

(6) Rapporté par Al-Boukhârî (1918) par l’intermédiaire de ‘Â’icha رضي الله عنها.

(7) Rapporté par Ibn Sa‘d dans At-Tabaqât (8/307) Al-Albânî l’a considéré dans Sahîh Abî Dâwoûd (532) comme un appui pour le hadith d’Abî Dâwoûd (532) dont la version est comme suit : d’après ‘Ourwa Ibn Az-Zoubayr, d’après une femme des Banî An-Nadjâr qui dit : « Ma maison était l’une des maisons les plus élevées autour de la mosquée. Bilâl faisait l’appel à la prière d’Al-Fadjr en dessus. Il venait avant l’aube, s’asseyait pour attendre que l’aube commence à poindre. Jusqu’à ce que le Prophète construise sa mosquée. Depuis cela, il faisait l’appel sur toit de la mosquée. »

source:ferkous.com

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