Ce qui est considéré concernant les choses qui rompent le jeûne

Sheikh Mohammad Ali Ferkous

Question : Quel est le jugement concernant l’utilisation des injections de l’insuline pour un diabétique durant le jeûne du mois sacré de ramadan ? Qu’Allah vous rétribue du bien.

Réponse : Louange à Allah, Maître des Mondes; et paix et salut sur celui qu’Allah a envoyé en miséricorde pour le monde entier, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu’au Jour de la Résurrection. Ceci dit :

Ce qui est considéré dans la rupture du jeûne en mangeant et en buvant est de faire rentrer quelque chose intentionnellement dans le ventre par la voie habituelle qui est la voie buccale, de même que par la voie nasale signalée dans le hadith du Prophète صلّى الله عليه وآلِه وسلّم qui a dit : “…et exagère dans l’inhalation (lors des ablutions) sauf quand tu jeûnes”(1); que cette chose, qui entre au ventre, soit utile ou nuisible, ou ni utile ni nuisible. Ainsi le texte religieux a considéré que la rupture du jeûne se fait en mangeant et en buvant par la voie habituelle, et toute autre voie en dehors de celle-ci, par laquelle on fait rentrer quelque chose au ventre, n’aura aucunement la signification de manger ou de boire, et par laquelle aussi on n’aura point l’intention ni de manger ni de boire. Le Cheikh de l’islam Ibn Taïmia a dit, en parlant de la piqûre, de la goutte, du fait de se farder les yeux par le kohl, de sentir le parfum et de se guérir d’El-Ma’moûma(2) et d’El-Djâ’ifa(3) et tout ce qui rentre au ventre par autre que la voie habituelle : « L’opinion manifeste est que toutes ces choses-là ne rompent pas le jeûne. Soulignant que le jeûne est une partie très importante de la religion musulmane, que tout musulman, appartenant à l’élite ou aux gens du commun, a besoin de connaître. Sur ce, si ces choses étaient parmi celles qu’Allah عزّ وجلّ et son Prophète صلّى الله عليه وآلِه وسلّم ont interdites lors du jeûne, et parmi celles qui causent la rupture du jeûne ; alors le Prophète صلّى الله عليه وآلِه وسلّم aurait dû l’annoncer clairement et les compagnons par la suite l’auraient su et l’auraient transmis à cette nation comme ils ont transmis l’ensemble de la charia. Du moment qu’aucun des savants n’a transmis à ce sujet aucun hadith du Prophète صلّى الله عليه وآلِه وسلّم, qu’il soit authentique ou faible, Mousned (ayant la chaîne de transmission liée) ou Moursel, nous déterminons que cela n’a jamais été mentionné par le Prophète صلّى الله عليه وآلِه وسلّم. Par ailleurs, le hadith rapporté uniquement par Abou Dâwoûd au sujet du kohl est un hadith faible(4)”(5).

En outre, ce qui rompt le jeûne ne dépend pas seulement de l’apport nutritif, mais il se rapporte plutôt à cet apport ainsi qu’à la jouissance qu’il procure afin de réaliser le but de la rupture (du jeûne), car le malade, par exemple, peut se nourrir par le biais des injections, mais son envie à manger et à boire n’est jamais assouvie. Pour ce, toute sorte de piqûres ou d’injections nutritives ou non-nutritives ne rompent pas le jeûne, puisqu’elles n’ont pas réalisé les deux composants (le rapport nutritif et la jouissance) qui forment le but de la rupture ; suivant la règle, émanant des fondements de la jurisprudence, qui annonce : « Si un jugement se rapporte à deux attributs, l’un d’eux ne suffit pas pour l’établir».

Le savoir parfait appartient à Allah سبحانه وتعالى, et notre dernière invocation est qu’Allah, Seigneur des Mondes, soit Loué et que prière et salut soient sur notre Prophète, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu’au Jour de la Résurrection.

Alger, le 26 Cha`bâne 1428 H,

correspondant au 08 septembre 2007 G

Source : Ferkous.com

(1) Rapporté par Abou Dâwoûd dans le chapitre du “jeûne”, à propos du jeûneur qui verse, avec exagération, de l’eau sur lui-même à cause de la soif (hadith 2366), par El-Hâkim dans « El-Moustadrak » (hadith 525) et par El-Beïhaqî dans « Es-Sounane El-Koubrâ », par l’intermédiaire de Laqît Ibn Sabira رضي الله عنه. Le hadith est authentifié par El-Albâni dans « El-Irwâ’ » (hadith 935), et El-Wâdi`i dans « Es-Sahîh El-Mousnad » (hadith 1104).

(2) Une plaie profonde au niveau de la tête, atteignant presque le cerveau. Note du traducteur.

(3) Un poignardement très profond (comme dans le ventre ou le cerveau). Note du traducteur.

(4) Le hadith est rapporté par Abou Dâwoûd dans ses « Sounane », chapitre du « jeûne », à propos de l’utilisation du kohl avant d’aller dormir pour le jeûneur (hadith 2377), annonçant que le Prophète صلّى الله عليه وآله وسلّم a ordonné d’utiliser le kohl parfumé avant d’aller dormir, et a dit : « Que le jeûneur l’évite »; et rapporté aussi par Et-Tabarâni dans « El-Kabîr » (20/341), par l’intermédiaire de Ma`bad Ibn Hawda El-Ansâri. Abou Dâwoûd a dit dans ses « Sounane » (7/4) : Yahia Ibn Ma`îne m’a dit : « C’est un hadith désapprouvé ». El-Albâni l’a jugé faible dans « El-Irwâ’ » (hadith 936) et dans « Ed-Da`îfa » (hadith 1014).

(5) « Medjmoû` El-Fetâwa » (Recueil des Fatwas) d’Ibn Taïmia (234/25).

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