La nuit du destin s’observe-t-elle à l’oeil nu ?

Sheikh Oubeyd Bin Abdoullah Bin Souleymane Al-Djabiri

Mon discours à votre intention, Ô peuple de musulmans, n’est pas étendu à l’exposé du mérite de cette nuit (laylat al-qadr) et à l’incitation à la rechercher, puisque ceci a d’ores et déjà été développé ailleurs qu’en ce lieu.

Mon discours sera limité à certains sujets.

Le premier sujet

La nuit du destin (ou du mérite) se voit-elle à l’oeil nu ?

Il s’est répandu parmi de nombreuses gens de la masse que la nuit du destin se voit en tant que lumière entre le ciel et la terre.

Et tu verras à travers ce que nous allons exposer dans la réponse à cette question si cela est vrai.

Nous disons, tout d’abord, que ce genre de parole n’est acceptée qu’en présence d’une preuve à laquelle il incombe de se soumettre.

Et cette preuve est soit un verset de la Noble Révélation soit un hadîth authentique de celui qui est épargné/infaillible صلى الله عليه وسلم.

D’après ‘Aïshah رضي الله عنها, elle a dit : j’ai dit au Prophète صلى الله عليه وسلم :

«Ô Messager d’Allah ! Vois-tu si je connais dans quelle nuit est la nuit du destin, que dois-je dire durant cette nuit ?»
Il صلى الله عليه وسلم a dit : «Tu dis : Ô Allah, tu es certes pardonneur et tu aimes le pardon alors pardonne-moi».
Rapporté par At-Tirmidhi (n°3513), Ibn Mâjah (n°3850) et par Ahmad (n°25384) en ces termes : «Ô Prophète d’Allâh, vois-tu si je tombe sur la nuit du destin, que dois-je dire ?
Il صلى الله عليه وسلم a dit : «Tu dis : Ô Allah, tu es certes pardonneur et tu aimes le pardon alors pardonne-moi».»

Et d’après An-Nasâ’i dans (As-Sunan) Al-Kubrâ :

«Ô Messager d’Allâh, vois-tu si je tombe sur la nuit du destin, par quoi dois-je invoquer ?»
Il صلى الله عليه وسلم a dit : «Tu dis : Ô Allah, tu es certes pardonneur et tu aimes le pardon alors pardonne-moi».
Et dans une version : «Ô Messager d’Allâh, vois-tu si je tombe sur la nuit du destin, que dois-je demander à Allâh ?»
Il صلى الله عليه وسلم a dit : «Tu dis : Ô Allah, tu es certes pardonneur et tu aimes le pardon alors pardonne-moi».»

Il n’y a donc pas, dans le hadîth sous toutes ses formes, une preuve de la vision de cette nuit bénie à l’oeil nu.

Et le Sheikh ‘Abd Al-‘Azîz ibn Bâz رحمه الله fut interrogé :

Question : La nuit du destin s’observe-t-elle à vue d’oeil, c’est-à-dire qu’elle est perceptible à l’oeil humain ?

Puisque certaines personnes disent que si l’Homme est en mesure de voir la nuit du destin, il aperçoit une lueur dans le ciel et des choses semblables.

Et comment le Messager d’Allâh صلى الله عليه وسلم et les compagnons رضوان الله عليهم l’ont-ils vue ?

Et comment la personne peut-elle savoir qu’elle a bien vu la nuit du destin ?

En obtient-on la rétribution et la récompense même si elle se situe lors d’une nuit où on n’a pas pu l’observer ?

Nous vous prions de nous éclaircir sur la question, en mentionnant les preuves.

Réponse : La nuit du destin peut être perceptible à l’œil pour celui qu’Allâh assiste et ceci par la vision de ses signes.

Et les compagnons رضي الله عنهم la recherchaient par ses indices, mais le fait de ne pas la voir n’empêche pas d’obtenir son mérite pour celui qui l’a veillée avec foi et en attendant la récompense.

Le musulman doit s’évertuer à la rechercher dans la dernière décade de Ramadhân comme l’a ordonné le Prophète صلى الله عليه وسلم recherchant la rétribution et la récompense.

Si sa veillée avec foi et en recherchant la rétribution coïncide avec cette nuit, il obtient sa rétribution même s’il ignore sa date.

Puis il a mentionné les deux hadîths précédents.

Le deuxième sujet

A-t-elle des signes par lesquels on la reconnaît ?

En résumé de ce qui précède, la nuit du destin n’est pas perceptible à l’oeil nu comme cela est répandu chez le commun des gens et nous l’avons déjà dit, mais elle a des signes que voici, en concordance avec ce qui est authentique d’après la sunnah.

1. La douceur (du climat)

D’après le hadîth de Jâbir chez Ibn Hibbân et Ibn Khuzaymah ; il a dit :

«Le Prophète صلى الله عليه وسلم a dit : On m’avait fait voir la nuit du destin puis on me l’a faite oublier et elle se situe dans la dernière décade de Ramadhân.
C’est une nuit tempérée, éclatante, ni chaude ni froide, comme s’il y avait une lune faisant apparaître les étoiles.
Shaytân ne sortira qu’après la sortie de son fajr.»

Sheikh Al-Albâni a dit : authentique par autre que lui.

2. Le lever du soleil, en sa matinée, sans rayons

D’après le hadîth de Ibn ‘Abbâs رضي الله عنهما lequel est marfou3 (élevé) :

«La nuit du destin est une nuit douce, ni chaude ni froide, après laquelle le soleil se lève avec une légère rougeur».
Rapporté par Abû Dâwûd At-Tayyâlisi, jugé authentique par Al-Albâni.

3. La tombée de la pluie en sa nuit

D’après la hadîth de Abû Sa’îd Al-Khudri رضي الله عنه dans lequel est mentionné :

«On m’a montré la nuit du destin, puis on m’en a fait perdre le souvenir.
Recherchez-la dans la dernière décade (de Ramadhân), chaque nuit impaire. Je me suis certes vu me prosternant dans de l’eau et de la boue.»

Abû Sa’îd Al-Khudri a dit :

«Il a plu la vingt-et-unième nuit de Ramadhân, et de l’eau s’égouttait dans la mosquée à l’endroit où priait le Messager d’Allâh صلى الله عليه وسلم .
Je l’ai regardé à l’issue de la prière du subh et son visage était alors recouvert de boue et d’eau.»

‘Ubayd a dit (ndt : Cheikh parle de lui-même) :

Voici donc trois signes concernant lesquels la sunnah du Prophète صلى الله عليه وسلم a été authentique.

N’en demande donc pas d’autre.

Le troisième sujet

Est-il légitime pour le musulman de propager ce qu’il a vu comme signes de cette nuit bénie ?

Que dit-ton à celui qui s’est enthousiasmé au matin de chaque nuit impaire à guetter les signes de cette nuit puis à transmettre ce qu’il a vu en photo, avec parcimonie pour certains et abondance pour d’autres ?

On leur dit premièrement :

Est-ce que quelqu’un avant vous parmi les pieux prédécesseurs a emprunté ce chemin ? Si vous dites oui, nous disons : étayez votre propos d’après un imam considéré/estimé. Et si vous dites non, nous disons : alors pourquoi vous surchargez-vous ?

Deuxièmement :

Nous rapportons ce que nous voyons comme étant convainquant et satisfaisant le désir de savoir, un conseil à quiconque aime le conseil, et nous disons donc : Al-Hâfidh a dit :

«As-Subki Al-Kabîr a déduit de ce récit dans Al-Hilbiyât le caractère préférable de cacher la nuit du destin pour celui qui l’a vue».

Je dis : c’est-à-dire ses signes.

Il a dit :

«L’objet de la démonstration est que Allâh a décrété pour son Prophète qu’il n’en informerait pas (ndt : de la nuit du destin) et tout le bien réside dans ce qui a été décrété pour lui, il est donc préférable de suivre ses pas à ce sujet.»

Et ceci a été mentionné dans شرح المنهاج d’après Al-Hâwi.

Il a dit :

«Et la sagesse dans cela est :

– que c’est une karâmah (un miracle) et la karâmah doit être dissimulée sans aucune divergence ;

– du point de vue de l’autosatisfaction, il n’est pas à l’abri alors qu’on le lui soustraie ;

– du fait qu’il ne soit pas à l’abri de l’ostentation ;

– du point de vue des bonnes manières, il ne se laisse donc pas distraire du fait de remercier Allâh par l’observation (de laylat al qadr) et sa mention auprès des gens ;

– du fait qu’il ne soit pas à l’abri de la jalousie, il précipiterait alors autrui dans les ennuis ; et il l’apprivoise avec la parole de Ya’qûb عليه السلام : «Ô mon fils, ne raconte pas ta vision à tes frères».

Et Al-Mâwardi Ash-Shâfi’i رحمه الله a dit :

«Et il est préférable pour celui qui a vu la nuit du destin de la dissimuler (je dis : c’est-à-dire un signe parmi ses signes et nous avons déjà mentionné qu’elle n’est pas perceptible à l’oeil nu) et d’invoquer, en ayant une intention sincère et une forte certitude, par ce qui est nécessaire d’un point de vue religieux et mondain, et que son invocation majeure soit pour sa religion et son au-delà.»

Puis il a mentionné le hadîth de ‘Aïshah précédemment cité.

‘Ubayd a dit (ndt : Cheikh parle de lui-même) :

Ô toi qui aimes le conseil, comprends bien cette parole et apprécie-la à sa juste valeur, et emprunte le chemin des adeptes de la guidée et de la piété, et prends garde aux points d’entrée de Shaytân et parmi eux : le fait de divulguer ses oeuvres pies aux gens.

Et sache que plus l’oeuvre pieuse est dissimulée, plus sa récompense est grande, sauf s’il réside dans sa divulgation un intérêt, or la divulgation des signes de la nuit du destin pour celui qui les a vus tous ou en partie seulement, ne compte pas parmi l’intérêt.

Et tu as certes pris connaissance, d’après ce que nous t’avons rapporté des paroles des gens de science tout en s’appuyant sur les preuves, de ce qui en découle comme maux.

Alors prends garde, et encore une fois prends garde, ou ces inventions t’anéantiront.

Source : Publié par 3ilmchar3i.net
Traduit par Oum Suhayl

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