Sheikh Salih Ibn Abd Allah Fawzân Al Fawzân (Qu’Allah le préserve)
Le Shirk consiste à donner un associé à Allah (Le Trés Haut) dans l’adoration de Sa divinité et dans son attribut de Maître, Créateur du monde. L’association se fait le plus souvent dans la divinité, et consiste à invoquer un autre à côté d’Allah (‘aza oua djal) ou à détourner au profit de l’autre certains actes cultuels tels que les offrandes, les actes objets de vœux, la peur, l’espérance et l’amour. Le Shirk constitue le plus grand péché pour plusieurs raisons…
A. Définition
Le Shirk consiste à donner un associé à Allah (Le Trés haut) dans l’adoration de Sa divinité et dans son attribut de Maître, Créateur du monde. L’association se fait le plus souvent dans la divinité, et consiste à invoquer un autre à côté d’Allah (‘aza oua djal) ou à détourner au profit de l’autre certains actes cultuels tels que les offrandes, les actes objets de vœux, la peur, l’espérance et l’amour. Le Shirk constitue le plus grand péché pour plusieurs raisons…
1. Il s’agit d’assimiler le créé au Créateur dans les particularités de la divinité. Quiconque associe un autre à Allah l’a assimilé à Lui. Ce qui constitue la plus grave injustice conformément aux propos du Très Haut: « L’association à (Allah) est vraiment une injustice énorme. » (Coran, 31:13)
Az-Zoulm (l’injustice) consiste à mettre une chose à une place autre que la sienne. Quiconque adore un autre qu’Allah a mal placé son culte et l’a détourné au profit de quelqu’un qui ne le mérite pas. Ce qui représente la plus grande injustice.
2. Allah a affirmé qu’Il ne le pardonnera pas à celui qui ne s’en serait repenti. A ce propos, le Très Haut dit: « Certes Allah ne pardonne pas qu’on Lui donne quelqu’associé. À part cela, Il pardonne à qui Il veut. Mais quiconque donne à Allah quelqu’associé commet un énorme péché. » (Coran, 4 : 48).
3. Allah a affirmé qu’Il a interdit le paradis à l’auteur du Shirk et que ce dernier séjournera éternellement dans le feu de la géhenne. A ce propos, le Très haut dit: « Quiconque associe à Allah (d’autres divinités), Allah lui interdit le Paradis; et son refuge sera le Feu. Et pour les injustes, pas de secoureurs! » (Coran, 5 : 72).
4. Le Shirk entraîne la nullité des œuvres. A ce propos, le Très Haut dit : « Mais s’ils avaient donné à Allah des associés, alors, tout ce qu’ils auraient fait eût certainement été vain. » (Coran, 6:88) Et : «En effet, il t’a été révélé, ainsi qu’à ceux qui t’ont précédé: “Si tu donnes des associés à Allah, ton œuvre sera certes vaine; et tu seras très certainement du nombre des perdants.» (Coran, 39:65).
5. L’idolâtrie enlève toute immunité sur les biens et la garantie du sang. A ce propos, le Très Haut dit : « Après que les mois sacrés expirent, tuez les associateurs où que vous les trouviez. Capturez- les, assiégez- les et guettez- les dans toute embuscade. » (Coran, 9 : 5).
Dans le même ordre d’idées, le Prophète (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) dit: «Il m’a été donné l’ordre de guerroyer les gens jusqu’à ce qu’ils disent: « Il n’y a pas d’autre divinité adoré avec vérité qu’Allah Seul ». S’ils le disent, leur sang et leurs biens deviennent inviolables, sauf quand il s’agit d’en prélever les droits qui les frappent » (rapporté par Boukhari et Mouslim).
6. Le Shirk représente le plus grave péché comme l’affirme le Prophète (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) en ces termes:
– « Ne voulez-vous pas que je vous dise les pires des péchés?
– « Si, messager d’Allah.
– « C’est le fait d’associer un autre à Allah dans le culte et de se rendre odieux envers ses propres parents, etc. » (rapporté par Boukhari et Mouslim).
L’érudit Ibn al Qayyim (rahimahou Allah) dit: « Le Transcendant a affirmé que l’objectif de la création et de l’ordre est de faire connaître Allah par Ses noms et attributs, d’amener les gens à L’adorer sans rien lui associé et de faire régner la justice au sein des humains. Cette justice sur laquelle reposent les cieux et la terre selon les propos du Très Haut : « Nous avons effectivement envoyé Nos Messagers avec des preuves évidentes, et fait descendre avec eux le Livre et la balance, afin que les gens établissent la justice.» (Coran, 57:25).
Le Transcendant a ainsi affirmé qu’Il a envoyé Ses messagers et révélé Ses livres pour faire régner la justice et l’équité. Or le Tawhid constitue la meilleure expression, la quintessence de l’équité, et le Shirk le summum de l’injustice. A ce propos, le Très Haut dit : «L’association à (Allah) est vraiment une injustice énorme. » (Coran, 31 : 13).
Le Shirk demeure la pire injustice et le Tawhid la meilleure forme de justice. Tout ce qui s’oppose le plus au dessein (divin) représente le pire des péchés majeurs. Plus loin, il poursuit : « Le Shirk se heurte essentiellement à ce dessein et reste de ce fait le pire des péchés majeurs. C’est pourquoi Allah a interdit le paradis à tout auteur de Shirk et rendu son sang et ses biens vulnérables pour les partisans du Tawhid et leur permet de les réduire à l’esclavage en raison de leur refus d’observer Son culte. En outre, Allah refuse d’agréer l’œuvre d’un auteur de Shirk, d’accepter une intercession en sa faveur, d’exaucer ses prières dans l’au-delà et de réaliser son espérance». (La réplique suffisante – Al djawab al-Ka fi: 109).
L’auteur de Shirk est le plus ignorant à l’égard d’Allah puisqu’il lui trouve un égal. Ce qui représente le summum de l’ignorance et le maximum d’injustice. Pourtant, l’auteur de Shirk ne fait en réalité aucun tort à son Maître, mais il le fait à lui-même.
7. Le Shirk implique une dépréciation et une dégradation dont Allah S’est déclaré très distant. Quiconque commet le Shirk attribue à Allah ce dont Allah s’est déclaré très éloigné. Ce qui constitue une opposition très marquée vis-à-vis du Très Haut.
B.Les variétés du Shirk
– la première est le Shirk majeur qui exclut son auteur de la religion et le condamne à un séjour éternel en enfer, s’il meurt avant de se repentir. Ce Shirk consiste à détourner un acte cultuel quelconque au profit d’un autre qu’Allah. Tel est le cas de celui qui invoque quelqu’un en dehors d’Allah, lui consacre des sacrifices ou formule des vœux de servir un autre qu’Allah comme les (occupants des) tombeaux, les djinns et les démons. Ce Shirk peut aussi revêtir la forme de la peur d’un préjudice provenant des morts, des djinns ou des démons jugés capables de faire du mal ou de rendre malade. Fait partie du Shirk encore le fait d’espérer que quelqu’un veillera en dehors d’Allah à satisfaire les besoins de l’intéressé et à dissiper ses soucis, ce qu’Allah seul est capable de réaliser. [Pourtant] c’est ce qui se pratique maintenant autour des mausolées qui abritent les tombes des saints. A ce propos, le Très Haut dit : « Ils adorent au lieu d’Allah ce qui ne peut ni leur nuire ni leur profiter et disent : “Ceux-ci sont nos intercesseurs auprès d’Allah”. Dis: “Informerez-vous Allah de ce qu’Il ne connaît pas dans les cieux et sur la terre?” Pureté à Lui, Il est Très élevé au-dessus de ce qu’Ils Lui associent !» (Coran, 10 :18).
– la seconde variété réside dans un Shirk mineur qui n’exclut pas son auteur de la religion, mais affaiblit sa foi en l’unicité divine et peut conduire au Shirk majeur.
Il revêt deux formes :
– La première est apparente, inhérente à l’usage de certains termes et expressions et au recours à certaines pratiques. C’est le cas de jurer par le nom d’un autre qu’Allah. Le Prophète (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) a dit: « Quiconque jure au nom d’un autre qu’Allah s’est rendu mécréant et polythéiste » (rapporté par At-Tirmidhî qui l’a classé bon et Al-Hakim qui l’a classé excellent).
C’est aussi le cas de dire: s’il plaît à Allah et à toi ». Quand quelqu’un le dit au Prophète (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui), il lui répondit: « As-tu fait de moi l’égal d’Allah? Dis: s’il plaît à Allah seul » (rapporté par An Nassaï).
C’est encore comme l’usage de l’expression: « N’eût été Allah et Un tel ». La formulation correcte de l’idée consiste à dire « S’il plaît à Allah puis à Un tel » et « N’eût été Allah puis Un tel » car la conjonction thoumma (puis) implique classement et attardement. Ce qui traduit la dépendance de la volonté humaine de la volonté divine. A ce propos, le Très Haut dit : َ« Mais vous ne pouvez vouloir, que si Allah veut, (Lui), le Seigneur de l’Univers.» (Coran, 81:29).
Quant à la conjonction waw (et), elle n’implique qu’un simple raccordement et coordination. Ce qui ne signifie ni ordre ni succession immédiate. Fait partie de ce Shirk encore l’usage de l’expression: «Je n’ai qu’Allah et toi» et « ceci relève de la bénédiction divine et de la tienne ».
Quant aux pratiques, il s’agit, par exemple, du port d’un anneau et d’un fil censés pouvoir repousser ou éradiquer le malheur. Il en est de même du port d’amulettes par peur du mauvais œil ou d’autres (maux).
Si l’on croit que le port de ces objets est un moyen efficace d’effacer le malheur ou de l’écarter, on est tombé dans le Shirk mineur. Car Allah n’a pas fait de ces pratiques des moyens de guérir le malheur. Si l’on croit que ces objets peuvent intrinsèquement effacer ou écarter un malheur, on tombe dans le Shirk majeur, car on s’accroche à un autre qu’Allah.
La deuxième forme du Shirk mineur est subtile et affecte les volontés et les intentions comme le goût de se faire voir et entendre. C’est le cas de celui qui accomplit une action du type de celles que l’on mène pour se rapprocher d’Allah, mais dans le seul but d’obtenir des louanges: on embellit sa prière ou fait des aumônes pour être loué. On prononce le dhikr et récite le Coran avec une belle voix afin que les gens entendent et louent le récitant. Quand le désir de se faire voir à l’œuvre accompagne une action, il en entraîne la nullité. Allah le Très Haut dit : « Quiconque, donc, espère rencontrer son Seigneur qu’il fasse de bonnes actions et qu’il n’associe dans son adoration aucun autre à son Seigneur. »(Coran, 18 : 110).
Le Prophète (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) a dit : « Ce que je crains le plus pour vous c’est le Shirk mineur. »
– « Que signifie le Shirk mineur, 0 messager d’Allah ? »
– « C’est le désir de se faire voir à l’œuvre. » (Rapporté par Ahmad, par At-Tabarani et par Al Baghawi dans Sharh As-Sounna).
Fait partie du Shirk subtil encore le fait de mener une action cultuelle par avidité matérielle, comme celui qui participe au pèlerinage, sert de muezzin ou d’imam ou acquiert le savoir religieux, dans le seul dessein de gagner de l’argent.
Le Prophète (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) a dit: « Malheur à l’adorateur du dinar, malheur à l’adorateur du dirham, malheur à l’adorateur des beaux tissus, malheur à l’adorateur des beaux pâturages; celui qui est satisfait quand on lui donne et est insatisfait quand on le prive de dons.» (Rapporté par Boukhari).
L’imam Ibn al Qayyim (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a dit: « Le Shirk dans les volontés et les intentions est un océan sans côte. Rares sont ceux qui y échappent. Quiconque vise à travers son action un autre qu’Allah et nourrit une intention autre que celle de se rapprocher d’Allah et de chercher Sa récompense rend sa volonté et son intention impures. La sincérité à l’égard d’Allah doit être entière, et ce, aussi bien dans les actes que dans les propos, les intentions et la volonté. Voilà la religion droite, la voie d’Abraham, la seule agréée par Allah, la réalité de l’Islam qu’Allah a donné à Ses serviteurs l’ordre de suivre. A ce propos le Très Haut dit : « Et quiconque désire une religion autre que l’Islam, ne sera point agréé, et il sera, dans l’au-delà parmi les perdants. » (Coran, 3 : 85). C’est la voie d’Abraham (que le salut d’Allah soit sur lui) que ne trouvent indésirable que les étourdis » (La réplique suffisante – Al djawab al-Ka fi: p. 115).
– De ce qui précède on peut déduire qu’il existe entre les Shirk majeur et mineur les différences que voici :
Le premier exclut son auteur de la religion alors que le second ne le fait pas.
Le premier condamne son auteur à un séjour éternel en enfer alors que le second prévoit la possibilité d’une délivrance pour celui qui va en enfer.
Le premier entraîne la nullité des œuvres alors que le second n’annule pas toutes les œuvres mais seulement celles qui en sont entachées.
Le premier rend vulnérables le sang et les biens de son auteur alors que le second n’entraîne pas ces effets.
Source : www.alfawzan.af.org.sa – الشرك – تعريفه و أنواعه
Le livre intitulé : L’Unicité Divine – ‘Aquida At-Tawhid – de Sheikh Salih Ibn Abd Allah Fawzân Al Fawzân (Qu’Allah le préserve)
Traduction rapprochée : AbuKhadidja Al Djazairy
25 Safar 1426 – 04/04/05