Le récit du séjour de l’imam Al Albani en prison

Sheikh ‘Abdelaziz Sadlan

“Où que je sois, Il m’a rendu béni” [sourate Maryam, v.31]

Allah تعالى mentionna ceci concernant ‘Issa عليه السلام et ‘Issa parla de cela en rappelant le bienfait d’Allah sur lui.
Et il n’y a aucun doute que parmi les bienfaits d’Allah les plus immenses accordés au serviteur, le fait de le rendre béni où qu’il soit, en tout lieu et à chaque instant, avec n’importe qui, dans toute situation. Il est profitable à toute personne avec qui il s’assoie, avec qui il marche, avec qui il dialogue, que ce soit pour prodiguer un conseil, mettre fin à une injustice, repousser un mal ou apporter un intérêt.
Ainsi furent les prophètes d’Allah تعالى en toute circonstance. Comme par exemple ceux qui parmi eux furent emprisonnés à l’instar de Youssouf عليه السلام. Allah تعالى mentionna son récit dans le qur’an et de quelle manière il fut béni pour les occupants de la prison de par sa prédication lorsqu’il déclara :

“Ô mes deux compagnons de prison! Qui est le meilleur: des Seigneurs éparpillés ou Allah, l’Unique, le Dominateur suprême?
Vous n’adorez, en dehors de Lui, que des noms que vous avez inventés, vous et vos ancêtres, et à l’appui desquels Allah n’a fait descendre aucune preuve. Le pouvoir n’appartient qu’à Allah. Il vous a commandé de n’adorer que Lui. Telle est la religion droite; mais la plupart des gens ne savent pas.” [sourate Youssouf, v.39/40]

⇒ Ceux qui sont le plus profitables aux gens après les prophètes عليهم السلام sont les savants et celui qui jette un œil dans les ouvrages de biographies et d’histoire constatera la véracité de cela.
Les gens de science apportent un profit aux gens en tout lieu, et donc également en prison pour celui d’entre eux à qui Allah prédestina qu’il y séjournerait.
Celui qui médite sur la vie de l’imam Ahmed ainsi que sur celle d’Ibn Taymiya رحمهما الله par exemple. Il verra que lors de leur emprisonnement, le bien et le profit qu’ils apportaient n’était pas interrompu pour autant mais se poursuivait inlassablement.

Et parmi les savants qui connurent l’emprisonnement il y a l’Imam Al Albani رحمه الله et celui-ci emprunta la même voie que ces prédécesseurs à ce sujet en se rendant utile tout d’abord à lui même puis à ceux qui étaient en sa compagnie.
Le Sheikh رحمه الله fut emprisonné par deux fois et voici pour toi quelques anecdotes tirées de ces moments racontées par le Sheikh lui même :

Il raconte رحمه الله :

“Ils me firent monter en voiture et m’emmenèrent d’endroits en endroits et me déposèrent dans un commissariat pour qu’ils me conduisent je ne sais où. Un homme parmi ceux de mes origines que l’on nomme les “Arnaout” passa près de moi et m’interrogea sur la cause de ma présence dans ce lieu, je l’informai puis il s’en alla demander vers quel endroit ils allaient me transporter. Il revint et me dit qu’ils avaient pris la décision de m’enfermer à Al Hassaka, c’est à dire au nord est de la Syrie.
Je lui demandai d’aller trouver mon fils au magasin et de lui dire qu’il me ramène un cabas dans lequel il aura mis une copie du sahih de l’imam Mouslim, un taille crayon, un crayon a papier, une gomme, etc… et qu’il me trouverait ou bien ici, ou bien au départ des navettes pour Alep.
L’homme s’en alla trouver mon fils qui vint rapidement en m’apportant tout ce que je lui avais demandé, il me trouva au départ des navettes alors que celle dans laquelle j’étais installé s’apprêtait à partir. Il grimpa sur celle ci à ma hauteur, me passa le salam, me serra dans ses bras et me fît ses adieux. Puis la navette pris la route pour Alep puis ensuite d’Alep pour Al Hassaka.
Il y avait à Al Hassaka une très grande et nouvelle prison construite surélevée. Ils me firent entrer dans un très long corridor dans lequel se trouvait un jeune parmi les musulmans du parti de la libération, leur président assistait à mes cours sur Alep, c’est à dire à l’époque où celui ci était salafi, puis il s’égara avec le parti de la libération. Nous nous dîmes : c’est sans doute un mal pour bien.
Je passais mes jours et mes nuits à discuter avec les détenus mais moi j’avais apporté de quoi m’occuper et je désirais m’y atteler. Mais l’ampoule de lumière était située au plafond et celui ci était tellement haut que je ne pouvais rien en tirer. J’en fis part à mon compagnon, celui qui auparavant était salafi, il s’appelait Sheikh Mustapha et malheureusement cela faisait déjà deux ans qu’il était là.
Ceci dit, du fait de la durée de son incarcération il sympathisa peu à peu avec le directeur de la prison. Concernant ce dernier, apparemment il avait conservé une certaine nature originelle encline à accepter la vérité même s’il était communiste et effectivement il répondait positivement aux demandes du Sheikh Mustapha et des musulmans et les aidait selon ses capacités. Ils mangeaient ensemble alors je me joins à eux.
L’essentiel, moi ce que je voulais, c’est de la lumière. Alors le Sheikh Mustapha s’entretena avec le directeur du pénitencier et lui dit : “Le Sheikh Al Albani est étudiant en science, il désirerait s’occuper car il a apporté des livres avec lui.”
Le directeur lui répondit : “Nous lui donnerons ce dont il a besoin mais ce sera à ses frais.”
Je dis alors : c’est simple il apporte ce qu’il faut et nous, nous paierons. On fit alors descendre l’ampoule du plafond jusqu’à hauteur de ma tête, de là je ne ressentis aucunement l’isolement de la prison comme le dit Ibn Taymiya رحمه الله : mon enfermement est un délice.” (1)

Le Sheikh رحمه الله raconta le récit de cette incarcération une autre fois en disant :

“Allah prédestina à mon sujet que je sois incarcéré en 1389h qui correspond à l’année 1969 avec un certain nombre de savants sans que nous n’ayons rien commis de répréhensible si ce n’est d’appeler à l’islam et de l’enseigner aux gens. Je fus donc incarcéré dans la prison d’Al Qal’a ainsi qu’ailleurs à Damas puis je fus libéré après une certaine période et réincarcéré une seconde fois pendant plusieurs mois pour lesquels j’espère en la rétribution d’Allah.
Et Allah avait décrété à ce moment-là que je n’ai rien d’autre à ma disposition que mon livre qui me tenait tant à cœur : le sahih de Muslim, ainsi qu’un crayon a papier et une gomme. Là bas, je me suis donc consacré à concrétisé mon souhait de le résumer et l’harmoniser.
J’en arrivai à bout après 3 mois à peu près, j’y travaillais nuit et jour sans ressentir le moindre ennui ou la moindre lassitude. Et de ce fait ce que les ennemis de cette oumma avaient voulu en pensant nous causer du tort se retourna contre eux et fut un bienfait pour nous et les étudiants en science d’où qu’ils soient tirèrent profit de ce travail. La louange toute entière appartient donc à Allah pour son bienfait par lequel se concrétisent les bonnes œuvres” (2)

Et le Sheikh رحمه الله répétait constamment la parole de Youssouf عليه السلام dans le livre d’Allah :

“Ô mon Seigneur, la prison m’est préférable à ce à quoi elles m’invitent” [sourate Youssouf, v.33]

Et il est opportun à cet endroit de citer ce que déclara Sheikh Al Islam dans une épître qu’il rédigea à l’attention a de ses compagnons alors qu’il se trouvait reclu dans la prison d’Alexandrie.

Il dit رحمه الله :

“Et quant au bienfait de ton Seigneur proclame-le”

“Et je porte à la connaissance de mes compagnons qu’Allah soit bienfaisant envers eux ici-bas et dans l’au-delà et qu’il accomplisse sur eux son bienfait apparent et caché, je me trouve donc, par Allah l’immense celui en dehors de qui il n’y a pas de divinité d’adoration, dans de multiples bienfaits de la part d’Allah je n’en ai pas vu de pareil de toute ma vie. Allah a accordé ici de sa grâce, son bienfait et sa miséricorde ce dont on ne peut s’imaginer et qui ne viendrait pas à l’esprit” […]

Toujours par rapport à l’incarcération du Sheikh Al Albani, on peut citer ce qu’en a dit Muhammed ibn Ibrahim Ach Chaybani :

“Et parmi les bienfaits qu’Allah octroya au Sheikh Nasser durant son emprisonnement, le fait qu’il puisse prêcher les détenus à ce à quoi il appelait en dehors de la prison, c’est à dire appeler au livre d’Allah et à la sounna, à délaisser l’innovation dans la religion, au fait de se soumettre à la parole d’Allah et de son messager صلى الله عليه وسلم, d’abandonner le suivi aveugle… Un grand nombre d’entre eux répondirent favorablement à cet appel.
Il profita de cette incarcération pour écrire son résumé du sahih de l’imam Mouslim ibn l Hajjaj رحمه تعالى , qui n’est pas l’ouvrage “Ikhtissar mouslim” d’Al Moundhiri dont le Sheikh fit la vérification des hadiths.
Il encouragea les gens à l’intérieur de la prison à prier en congrégation et d’accomplir la prière du joumou’a, et ce fut la première fois que fut accompli la prière du Vendredi dans la prison d’Al Qal’a depuis l’époque où Ibn Taymiya y fut détenu.
Les chaînes et les obstacles ne purent avoir raison de sa volonté inébranlable ainsi que de son amour pour la science.” (3)

(1) Al imam Al Albani, Muhammed bioumi, p. 38/39
(2) moukhtassar sahih al Boukhari, Al Albani, Mouqadima du volume 1
(3) hayat Al Albani, Muhammed ibn Ibrahim Ach Chaybani, v.1/p.28.

dourouss wa mawaqif wa ‘ibar / p. 48 à 52.
traduit par SalafIslam.fr

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